Contes Merveilleux Tome II, стр. 9

Et le voila qui eclate de rire, et il riait encore quand deja surgissait toute une foule de lutins qui rapporterent le veritable enfant, l’installerent devant le feu et emporterent avec eux le monstre a grosse tete.

La Maisonnee

– Toi, ou tu vas? – Moi? Mais a Walpe. – Tu vas a Walpe, je vais a Walpe, alors ca va, on y va donc ensemble.

– Es-tu mariee aussi? Comment s’appelle ton mari? – Henri, c’est mon mari. – Ton mari c’est Henri, mon mari c’est Henri, tu vas a Walpe, je vais a Walpe, alors ca va, on y va donc ensemble.

– Et tu as un enfant aussi? Comment s’appelle ton petit? – Mon petit? Bris. – Ton petit, Bris; mon petit, Bris; ton mari c’est Henri, mon mari c’est Henri; tu vas a Walpe, je vais a Walpe, alors ca va, on y va donc ensemble.

– Un berceau, t’en as un? Comment s’appelle ton berceau? – Hippoleau. – Hippoleau ton berceau, Hippoleau mon berceau; ton petit Bris, mon petit Bris, et ton mari Henri et mon mari Henri; tu vas a Walpe, je vais a Walpe, alors ca va, on y va donc ensemble.

– Et un valet? Comment s’appelle ton valet? – Son nom c’est Bienlefait. – Bienlefait ton valet, Bienlefait mon valet; Hippoleau ton berceau, mon berceau Hippoleau -, ton petit Bris, mon petit Bris, et ton mari Henri et Henri mon mari, tu vas a Walpe, je vais a Walpe, alors ca va, on y va donc ensemble, jusque-la.

La Mariee blanche et la mariee noire

Une pauvre paysanne s’en alla dans les champs pour couper le fourrage. Elle y alla avec ses filles – sa propre fille et sa belle-fille. Soudain, Dieu se presenta devant elles sous l’apparence d’un homme pauvre et demanda:

– Pouvez-vous m’indiquer le chemin pour aller au village?

– Il faudra le trouver vous-meme, retorqua la mere.

Et la fille rencherit:

– Quand on a peur de s’egarer, on part accompagne.

Mais la belle-fille proposa:

– Venez, brave homme, je vous guiderai.

Dieu se facha contre la mere et la fille, se detourna d’elles, et les fit devenir noires comme la nuit et laides comme le peche. La belle-fille en revanche entra dans ses bonnes graces; il se laissa accompagner et lorsqu’ils s’approcherent du village, il la benit et dit:

– Prononce trois v?ux, ils seront exauces.

– Je desire etre belle et pure comme le soleil, dit la jeune fille.

Et immediatement, elle devint blanche et belle comme une journee de soleil.

– Ensuite, je voudrais une bourse pleine d’ecus qui ne desemplirait jamais.

Dieu la lui donna mais il ajouta:

– N’oublie pas le meilleur.

La jeune fille dit alors:

– Mon troisieme v?u est la joie eternelle apres ma mort.

Dieu l’en assura et se separa d’elle.

La mere et sa fille rentrerent a la maison et constaterent qu’elles etaient toutes les deux laides et noires comme le charbon, tandis que la belle-fille etait belle et immaculee. Une plus grande cruaute s’empara alors de leurs c?urs et elles n’eurent plus qu’une idee en tete: lui faire du mal. Or, l’orpheline avait un frere qui s’appelait Regis. Elle l’aimait par-dessus tout. Un jour, Regis lui dit:

– Ma petite s?ur, j’ai envie de dessiner ton portrait pour t’avoir toujours a mes cotes. je t’aime tant que je voudrais pouvoir te contempler a tout instant.

– Ne montre surtout jamais mon portrait a personne, exigea sa s?ur.

Le frere accrocha le tableau, tres fidele a l’original, dans la piece qu’il habitait au chateau, car il etait le cocher du roi. Tous les jours il regardait le portrait et remerciait Dieu du bonheur qu’il avait donne a sa s?ur.

Le roi que Regis servait venait de perdre son epouse.

Les serviteurs a la cour avaient remarque que le cocher s’arretait tous les jours devant le magnifique tableau et, jaloux et envieux, ils le rapporterent au roi. Ce dernier ordonna alors qu’on lui apporte le tableau et, des qu’il le vit, il put constater que la jeune fille du portrait ressemblait incroyablement a son epouse defunte, et qu’elle etait meme encore plus gracieuse; il en tomba amoureux. Il fit appeler le cocher et lui demanda qui etait la personne sur le tableau.

– C’est ma s?ur, repondit Regis.

– C’est elle, la seule et unique que je veux epouser, decida le roi. Il donna au cocher une superbe robe brodee d’or, un cheval et un carrosse, et il lui demanda de lui ramener l’heureuse elue de son c?ur.

Lorsque Regis arriva avec le carrosse, sa s?ur ecouta avec joie le message du roi. Mais sa belle-mere et sa belle-s?ur furent terriblement jalouses du bonheur de l’orpheline et, de depit, faillirent devenir encore plus noires.

– A quoi sert toute votre magie, reprocha la fille a sa mere, puisque vous etes incapable de me procurer un tel bonheur!

– Attends un peu, la rassura sa mere, je tournerai ce bonheur en ta faveur.

Et elle se eut recours a la magie: elle voila les yeux du cocher de maniere qu’il ne vit plus qu’a moitie; quant a la mariee blanche, elle la rendit a moitie sourde. Tous ensemble monterent ensuite dans le carrosse: d’abord la mariee dans sa belle robe royale, et derriere elle sa belle-mere et sa belle-s?ur; Regis monta sur le siege de cocher et ils se mirent en route.

Peu de temps apres Regis appela:

– Voile ton beau visage, ma petite s?ur, gare a tes jolies joues, car le ciel pleure: Empeche le vent fort de te decoiffer, que bientot le roi admire ta grande beaute!

– Que dit-il, mon petit frere? demanda la mariee.

– Il dit seulement que tu dois enlever ta robe doree et la donner a ta s?ur, repondit la maratre.

La jeune fille ota la robe, sa s?ur noire se glissa a l’interieur, et donna a la mariee sa chemise grise en toile grossiere.

Ils poursuivirent leur route, puis le cocher appela a nouveau:

Voile ton beau visage, ma petite s?ur, gare a tes jolies joues, car le ciel pleure; empeche le vent fort de te decoiffer, que bientot le roi admire ta grande beaute!

– Qu’est-ce qu’il dit, mon petit frere? demanda la jeune fille.

– Il dit seulement que tu dois oter ton chapeau dore de ta tete et le donner a ta s?ur.

La jeune fille ota son chapeau dore, en coiffa la tete de sa s?ur et poursuivit le voyage tete nue. Peu de temps apres, Regis appela de nouveau:

Voile ton beau visage, ma petite s?ur, gare a tes jolies joues, car le ciel pleure; empeche le vent fort de te decoiffer, que bientot le roi admire ta grande beaute!