Contes Merveilleux Tome II, стр. 29

Mais le jeune homme, lorsqu’il eut l’occasion de voir la princesse, fut si ebloui de sa beaute qu’il en oublia tous les dangers. Il se presenta donc comme pretendant devant le roi.

On l’emmena immediatement au bord de la mer et on jeta sous ses yeux un anneau d’or dans les vagues. Puis, le roi lui ordonna de ramener l’anneau du fond de la mer, et ajouta:

– Si tu emerges de l’eau sans l’anneau, les vagues te rejetteront sans cesse jusqu’a ce que tu perisses.

Tous plaignirent le jeune homme et s’en allerent. Seul, debout sur la plage, le valet se demanda ce qu’il allait bien pouvoir faire, lorsqu’il vit soudain trois poissons s’approcher de lui. C’etaient les poissons auxquels il avait sauve la vie. Le poisson du milieu portait dans sa gueule un coquillage qu’il deposa aux pieds du jeune homme. Celui-ci le prit, l’ouvrit et y trouva l’anneau d’or.

Heureux, il le porta au roi, se rejouissant d’avance de la recompense. Or, la fille du roi etait tres orgueilleuse et, des qu’elle eut appris que son pretendant n’etait pas de son rang, elle le meprisa et exigea qu’il subit une nouvelle epreuve. Elle descendit dans le jardin et, de ses propres mains, elle repandit dans l’herbe dix sacs de millet.

– Tu devras ramasser ce millet! ordonna-t-elle. Que ces sacs soient remplis avant le lever du soleil! Et pas un seul grain ne doit manquer!

Le jeune homme s’assit dans l’herbe et se demanda comment il allait pouvoir s’acquitter de cette nouvelle tache. Ne trouvant pas de solution, il resta assis en attendant tristement l’aube et la mort.

Or, des que les premiers rayons de soleil eclairerent le jardin, il vit devant lui les dix sacs de millet remplis a ras. Ils etaient ranges les uns a cote des autres et pas un grain ne manquait. Le roi des fourmis etait venu la nuit avec des milliers de ses serviteurs et les fourmis reconnaissantes avaient rassemble tout le millet avec infiniment de soin et en avaient rempli les sacs.

La princesse descendit elle-meme dans le jardin et constata avec stupefaction que son pretendant avait rempli sa tache. Ne sachant pourtant toujours pas maitriser son c?ur plein d’orgueil, elle declara:

– Il a su passer les deux epreuves, mais je ne serai pas sa femme tant qu’il ne m’aura pas apporte une pomme de l’Arbre de Vie.

Le jeune homme ignorait ou poussait un tel arbre, mais il decida de marcher la ou ses jambes voudraient bien le porter, sans trop d’espoir de trouver l’arbre en question. Il traversa trois royaumes et il arriva un soir dans une foret. Il s’assit au pied d’un arbre pour se reposer un peu lorsqu’il entendit un bruissement dans les branches au-dessus de sa tete et une pomme d’or tomba dans sa main. Au meme moment, trois corbeaux se poserent sur ses genoux et dirent:

– Nous sommes les trois jeunes corbeaux que tu as sauves de la famine. Nous avons appris que tu etais en quete de la pomme d’or et c’est pourquoi nous avons traverse la mer et sommes alles jusqu’au bout du monde ou se trouve l’Arbre de Vie pour t’apporter cette pomme.

Le jeune homme, le c?ur joyeux, prit le chemin du retour et remit la pomme d’or a la belle princesse qui ne pouvait plus se derober. Ils couperent la pomme de Vie en deux, la mangerent ensemble et, a cet instant, le c?ur de la princesse s’enflamma d’amour pour le jeune homme. Ils s’aimerent et vecurent heureux jusqu’a un age tres avance.

Les Six freres cygnes

Un jour, un roi chassait dans une grande foret. Et il y mettait tant de c?ur que personne, parmi ses gens, n’arrivait a le suivre. Quand le soir arriva, il s’arreta et regarda autour de lui. Il s’apercut qu’il avait perdu son chemin. Il chercha a sortir du bois, mais ne put y parvenir. Il vit alors une vieille femme au chef branlant qui s’approchait de lui. C’etait une sorciere.

– Chere dame, lui dit-il, ne pourriez-vous pas m’indiquer le chemin qui sort du bois?

– Oh! si, monsieur le roi, repondit-elle. je le puis. Mais a une condition. Si vous ne la remplissez pas, vous ne sortirez jamais de la foret et vous y mourrez de faim.

– Quelle est cette condition? demanda le roi.

– J’ai une fille, dit la vieille, qui est si belle qu’elle n’a pas sa pareille au monde. Elle merite de devenir votre femme. Si vous en faites une reine, je vous montrerai le chemin.

Le roi avait si peur qu’il accepta et la vieille le conduisit vers sa petite maison ou sa fille etait assise au coin du feu. Elle accueillit le roi comme si elle l’avait attendu et il vit qu’elle etait vraiment tres belle. Malgre tout, elle ne lui plut pas et ce n’est pas sans une epouvante secrete qu’il la regardait. Apres avoir fait monter la jeune fille aupres de lui sur son cheval, la vieille lui indiqua le chemin et le roi parvint a son palais ou les noces furent celebrees.

Le roi avait deja ete marie et il avait eu de sa premiere femme sept enfants, six garcons et une fille, qu’il aimait plus que tout au monde. Comme il craignait que leur belle-mere ne les traitat pas bien, il les conduisit dans un chateau isole situe au milieu d’une foret. Il etait si bien cache et le chemin qui y conduisait etait si difficile a decouvrir qu’il ne l’aurait pas trouve lui-meme si une fee ne lui avait offert une pelote de fil aux proprietes merveilleuses. Lorsqu’il la lancait devant lui, elle se deroulait d’elle-meme et lui montrait le chemin. Le roi allait cependant si souvent aupres de ses chers enfants que la reine finit par remarquer ses absences. Curieuse, elle voulut savoir ce qu’il allait faire tout seul dans la foret. Elle donna beaucoup d’argent a ses serviteurs. Ils lui revelerent le secret et lui parlerent de la pelote qui savait d’elle-meme indiquer le chemin. Elle n’eut de cesse jusqu’a ce qu’elle eut decouvert ou le roi serrait la pelote. Elle confectionna alors des petites chemises de soie blanche et, comme sa mere lui avait appris l’art de la sorcellerie, elle y jeta un sort. Un jour que le roi etait parti a la chasse, elle s’en fut dans la foret avec les petites chemises. La pelote lui montrait le chemin. Les enfants, voyant quelqu’un arriver de loin, crurent que c’etait leur cher pere qui venait vers eux et ils coururent pleins de joie a sa rencontre. Elle jeta sur chacun d’eux l’une des petites chemises et, aussitot que celles-ci eurent touche leur corps, ils se transformerent en cygnes et s’envolerent par- dessus la foret. La reine, tres contente, repartit vers son chateau, persuadee qu’elle etait debarrassee des enfants. Mais la fille n’etait pas partie avec ses freres et ne savait pas ce qu’ils etaient devenus.

Le lendemain, le roi vint rendre visite a ses enfants. Il ne trouva que sa fille.

– Ou sont tes freres? demanda-t-il.

– Ah! cher pere, repondit-elle, ils sont partis et m’ont laissee toute seule.

Elle lui raconta qu’elle avait vu de sa fenetre comment ses freres transformes en cygnes etaient partis en volant au-dessus de la foret et lui montra les plumes qu’ils avaient laisse tomber dans la cour. Le roi s’affligea, mais il ne pensa pas que c’etait la reine qui avait commis cette mauvaise action. Et comme il craignait que sa fille ne lui fut egalement ravie, il voulut l’emmener avec lui. Mais elle avait peur de sa belle-mere et pria le roi de la laisser une nuit encore dans le chateau de la foret.