Contes Merveilleux Tome II, стр. 27

– Promets-moi donc de me donner ton premier enfant quand tu seras reine.

«Qui sait comment les choses vont se passer?» se dit la fille du meunier. Et comme, de toute facon, elle n’avait pas d’autre solution, elle promit au petit homme ce qu’il souhaitait. Et ce dernier transforma donc, une fois encore, la paille en or.

A l’aube, ayant tout trouve comme il l’esperait, le roi fit preparer un grand banquet de noces et la belle meuniere devint reine.

Une annee passa et la reine donna naissance a un ravissant petit garcon. Et soudain, le petit homme, entra dans sa chambre et dit:

– Donne-moi ce que tu m’avais promis.

La reine fut horrifiee. Elle proposa au petit homme toute la richesse du royaume, pourvu qu’il lui laissat son enfant. Mais le lutin ne voulut rien savoir.

– Non, non, dit-il, je prefere quelque chose de vivant a tous les tresors.

La reine se mit a pleurer et son chagrin finit par emouvoir le petit homme.

– J’attendrai trois jours, consentit-il, et si, d’ici la, tu as trouve comment je m’appelle, tu pourras garder ton enfant.

La reine reflechit toute la nuit, se rappelant tous les noms qu’elle avait entendus. Elle depecha un messager pour qu’il questionne les gens dans tout le pays afin qu’elle apprenne tous les noms qui existent.

Lorsque le lendemain matin le lutin arriva, elle cita tous les noms qu’elle connaissait, mais chaque fois le petit homme hocha la tete:

– Ce n’est pas mon nom. Le lendemain, la reine envoya un emissaire jusque dans le pays voisin afin de connaitre les noms de ce pays. Elle cita ensuite au petit homme tous ces noms etranges et inhabituels:

– Ne t’appelles-tu pas Moustache-de-souris? Ou Gigot-d’Agneau? Ou peut-etre Tranche-de-B?uf?

– Ce n’est pas ca, repondit le lutin a chaque fois.

Le troisieme jour, le messager de la reine revint du voyage et claironna d’entree:

– On ne peut plus trouver d’autres noms, pas un seul. Mais, lorsque je passais pres d’une montagne a l’entree d’une etrange foret ou les lapins et les renards se saluent avec courtoisie, j’apercus une petite maison. Et devant elle, un drole de petit homme, un vrai lutin, sautillait a cloche-pied autour d’un feu en vociferant:

Par temps froid et par temps chaud,

Rumpelstiltskin n’est pas manchot,

Je sais tout faire, meme la cuisine,

Et un petit prince j’aurai en prime.

Vous comprenez aisement que la reine se rejouit en apprenant ce nom.

Peu de temps apres, le petit homme arriva au chateau. Et il attaqua d’entree:

– Alors, ma reine: quel est mon nom?

– Et si tu t’appelais Rumpelstiltskin? dit alors la reine.

– Quel diable te l’a souffle? Quel diable te l’a souffle? brailla le petit homme.

Et il frappa le sol de son pied droit avec tant d’energie qu’il s’enfonca tout entier dans la terre. Puis, fou de rage, il attrapa son pied gauche avec ses deux mains et – crac! – il se dechira en deux.

Les Sept corbeaux

Un homme avait sept garcons mais desirait vivement avoir une fille. Quand sa femme fut de nouveau enceinte et que l’enfant naquit, ce fut une fille.

Ses parents furent au comble de la joie, mais le bebe leur parut si petit et si faible qu’ils deciderent de le baptiser aussitot.

En toute hate le pere envoya un des ses garcons a la fontaine puiser de l’eau pour le bapteme; les six autres suivirent en courant. Mais devant le puits, chacun voulut etre le premier a remplir la cruche et, en se disputant, ils laisserent tomber la cruche au fond de l’eau.

Atterres, les sept garcons resterent plantes la, n’osant plus rentrer chez eux.

Le pere, ne les voyant pas revenir, s’impatientait:

«Ils sont surement en train de s’amuser et ont oublie la pauvre petite!»

Il craignait tellement que le bebe mourut sans bapteme qu’il s’est mit en colere:

– Je voudrais les voir transformer en corbeau!

Or a peine eut-il prononce ces mots qu’il entendit au-dessus de lui des battements d’ailes. Il leva la tete et apercut alors sept corbeaux noirs en plein ciel.

Les parents ne pouvaient helas pas annuler le sort. Bien que profondement chagrines d’avoir perdu leurs sept fils, ils se consolerent un peu en voyant leur petite fille echapper a la mort et gagner chaque jour en force et en beaute.

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Pendant des annees, la petite fille ignora qu’elle avait des freres, car ses parents gardaient prudemment le secret. Mais un jour, par hasard, elle entendit de mauvaises gens dire qu’elle etait certes tres jolie, mais qu’elle avait pourtant fait le malheur de ses freres. Bouleversee, elle alla trouver son pere et sa mere et leur demanda s’il etait vrai quelle avait eu des freres, et se qu’il etait advenu. Les parents lui revelerent alors la verite en lui assurant que ce n’etait pas de sa faute si ses freres avaient disparu a sa naissance, mais que le ciel en avait decide ainsi.

Cependant, jour apres jour, la fillette se sentait coupable de cette terrible malediction et elle se mit en tete de retrouver ses freres a tout prix. Elle decida de partir en cachette pour parcourir le monde et delivrer ses freres ou qu’ils fussent. Pour tout bagage, elle emporta une petite bague en souvenir de ses parents, une miche de pain pour ne pas mourir de faim, une cruche d’eau pour se desalterer et une petite chaise pour se reposer.

Et elle marcha, marcha droit devant elle jusqu’au bout du monde. Elle arriva pres du soleil, mais sa chaleur etait terrible et il devorait les petits enfants.

Elle s’enfuit precipitamment et courut jusqu’a la lune. Mais celle-ci etait tres froide et tres mechante. Quand elle vit la fillette, la lune dit:

– Je sens, je sens la chair humaine…

La petite fille s’eloigna en toute hate et se dirigea vers les etoiles; chacune d’elles etait assise sur une petite chaise; elles la recurent gentiment. L’etoile du matin se leva, lui donna un osselet en disant:

– C’est avec cet osselet seul que tu pourras ouvrir la porte de la Montagne de Glace; c’est la que se trouvent tes freres.

La fillette enveloppa soigneusement l’osselet dans son mouchoir et se remit en route. Elle marcha et marcha jusqu’a ce qu’elle arrivat enfin a la montagne de glace.

La porte etant fermee, la petite sortit son mouchoir pour prendre les precieux osselets. Mais quand elle deplia le mouchoir, il etait vide; elle avait perdu le cadeau des etoiles!